En une cinquantaine de tirages, l’exposition propose une traversée de l’œuvre de Ray K. Metzker, envisagée sous l’angle de l’expérimentation, des années 1950 à 1990, de Chicago à Philadelphie, en passant par l’Europe. Formé à la fin des années 1950 à l’Institute of Design de Chicago, il y reçoit des enseignements fortement marqués par l’esprit des avant-gardes européennes, accordant à la photographie une profondeur plastique qu’il appartient au photographe de sonder avec ardeur, de l’acte de la prise de vue à l’interprétation du négatif en laboratoire.
Si ses explorations, pour leur grande majorité, prennent pour matière première la ville moderne et ses signes, Ray K. Metzker ne bat pas le pavé à la manière d’un street photographer, chasseur de scènes incongrues ou de gueules cocasses. Le périmètre de la ville, d’un quartier, d’un trottoir, devient le lieu d’une conversation secrète entre le photographe et son appareil. « Insatisfait de l’image unique et figée (le moment isolé), mon travail s’est orienté vers quelque chose de composite, de moments collectés et reliés entre eux ». Au tempo saccadé de la ville, à sa densité, voire son chaos, il décide de répondre par la répétition, la surimpression, la double exposition, le montage. Plus que de séduisants exercices formels, ces photographies, tout en noirs profonds et blancs solaires, sont les témoins d’une vie d’artiste consacrée à chercher la photographie, celle qui puisse retenir dans ce modeste rectangle l’immense expérience du regard.