Arnulf Rainer Allemand, 1929

Présentation

Dès les années 1950, l'oeuvre d'Arnulf Rainer se singularise par une démarche radicale, nourrie tant de ses lectures de Bataille, Artaud et Cioran que de son rejet des dogmatismes artistiques. D’abord proche de l’automatisme surréaliste, il ne cesse dès lors de développer un langage plastique singulier, qui puise dans une énergie de l’effacement, de l’effraction et de l’acharnement. Les oeuvres dont nous disposons, issues de ses Fehlfotografie ("photographies manquées") s’inscrivent pleinement dans cette dynamique de tension entre apparition et disparition de l’image. Elles témoignent de cette volonté féroce de faire taire le discours, de raturer le visible pour mieux atteindre une vérité souterraine, plus organique. Rainer peint, selon ses propres mots "pour quitter la peinture" et c’est justement ce geste de retrait, de destruction, de recouvrement, qui fonde toute la puissance expressive de son oeuvre. Dans la lignée des Face Farces (1969-1973), série emblématique dans laquelle il intervient rageusement sur des photographies de son propre visage, les pièces présentées ici perpétuent ce travail de confrontation directe entre le support, le corps et l’acte pictural lui-même. Chaque trace, chaque surimpression devient le lieu d’un conflit : entre forme et chaos, entre identité et anonymat, entre figure et effacement. Représentatives de la démarche intransigeante de Rainer, ces œuvres sont aussi des archives de gestes. Elles portent la mémoire d’un artiste qui, depuis plus de sept décennies, oeuvre à déconstruire les formes établies pour révéler, dans chaque geste, la part la plus brute, instinctive et profondément humaine de l’acte de création.

Œuvres
Foires